Safari au Kruger
Dire qu'hier nous étions tellement fatigués que nous n'avons même pas pris le temps d'essayer la piscine de notre bed&breakfast. Pourtant, à minuit nous ne dormions toujours pas. Le lit n'est pas droit, il est clairement courbé vers le centre, du coup on glisse et se rentre dedans ce qui nous réveille sans cesse. Ajouté à ça la lumière du jardin qui illumine notre chambre et la mauvaise isolation sonore, et voilà la recette parfaite pour une mauvaise nuit.
Dès 5h30, encore épuisés, nous sommes debout. L'excitation du safari nous gagne, on engloutit un rapide petit déjeuner et on part vers le Kruger Park situé à la sortie de la ville. On règle le régulateur de vitesse sur 40km/h et on scrute les alentours. Très rapidement, nous croisons nos premiers animaux. Jumelles sur le nez, on compare ce que l'on voit avec les images du guide que l'on a acheté, aucun doute, il s'agit d'impala. On comprendra vite que le parc en est truffé. En cette saison pluvieuse, la végétation est à son apogée. Cela complique notre tâche mais le paysage n'en est que plus beau. On roule au pas, presque seuls sur cette route qui semble plonger à l'infini dans nature. Si l'Homme a posé son pied ici, il n'est clairement pas maître en ce territoire. Rapidement, on met en place quelques codes : "kiwi" pour signaler la présence d'un animal, "ananas" pour demander un arrêt afin de vérifier ce que l'on a cru voir, et "banane" pour signaler un nouveau rassemblement d'impala !
Entre les feuilles d'un arbre, on discerne ce qui doivent être les fesses d'un gnou à queue noire. Un peu plus loin, surgit un protèle (sorte de hyène) qui se balade au milieu de la route, on le suit le plus discrètement possible, mais notre voiture se fait vite repérer et il part se cacher. On s'arrête ensuite non loin d'un point d'eau, où on peut apercevoir la tête de quelques hippopotames qui dépassent ! Il y a également un alligator qui rôde non loin du bord, seuls ses yeux sont visibles.
Puis, on quitte la route goudronnée vers un sentier de terre qui fait une boucle. La sensation de nature sauvage s'accentue encore plus. On croise ici d'autres impalas, ainsi qu'un hippopotame qui se promène, et un bel calao qui passe d'arbre en arbre.
Au terme de 50 km de route, nous arrivons vers 9h aux portes du Lebata Rest Camp, notre base pour la nuit. L'atmosphère du camp est géniale. Tout est fait avec soin. Nichés sous de grands arbres, les bungalows sont semblables à de petites huttes avec le toit en paille. Il y règne un calme simplement ponctué par le chant des oiseaux. Il est trop tôt pour le check-in, mais on s'installe au restaurant. Café, cappuccino, oeufs et toast. Le tout depuis la terrasse qui surplombe la Lebata River. Une antilope mange en contrebas, tandis qu'un écureuil et un oiseau s'invitent à côté de nous.
Nous avons repris des forces, et reprenons la route. On suit la Mingerhout Loop. Très rapidement, on débusque un kudu. Il est magnifique, et nous captive tellement qu'on l'on est pas loin de rater les deux buffles cafter qui traversent tranquillement juste devant nous ! Peu après, ce sont de nombreuses tourterelles que l'on croise, ainsi que trois phacochères qui prennent un bain de boue dans une grosse flaque, accompagnés d'une cigogne et d'un petit oiseau à crête que nous ne parvenons à identifier.
Quelques centaines de mètres plus loin, ce sont cinq buffles qui se promènent le long de la route ! Partout sur eux, de petits oiseaux se laissent promener. On apprendra plus tard qu'ils les suivent pour manger les insectes que les buffles font remonter à la surface lorsqu'ils remuent la terre en marchant.
Pendant un temps, notre chance tourne, et plus aucun signe de vie. Une voiture nous interpelle pour nous signaler la présence de trois guépards, nous aurons beau chercher, impossible de les apercevoir. Et soudainement, alors que nous longeons la rivière, nous voyons une horde d'éléphants qui s'y baignent ! Certains remontent vers la route et traversent devant notre voiture. D'ailleurs, ils croisent sur leur route un gnou à queue noire. On a du mal à en croire nos yeux. On essaye de compter le nombre d'éléphants, mais plus nous avançons, plus il y en a. Au bas mot, nous en avons croisé une centaine ! Arrive un moment où la situation se fait même pesante, il y a des jeunes éléphanteaux qui ne cessent de traverser, on est presque encerclé et on craint de les effrayer. Heureusement, le défilé se calme et on se faufile, laissant cette joyeuse bande derrière nous. On débouche alors au milieu d'une troupe de babouins qui semblent aussi rentrer de la rivière. Dire que nous craignions de ne rien voir au milieu de la dense végétation !
Il est encore trop tôt pour s'installer au camp, alors malgré notre fatigue, on continue vers le Engelhard Dam. Soit notre attention chute, soit la zone est moins peuplée, nous n'y verrons que quelques cob à croissant et des guibs harnachés. Alors que nous sommes sur le retour, à deux pas du camp, nous croisons d'autres hippopotames dans l'eau. Sur le dos de l'un d'eux, une tortue semble prendre un bain de soleil. Et juste après, nous apercevons deux girafes qui mangent les feuilles d'un arbre.
On récupère ensuite les clés de notre bungalow. Il est parfaitement situé au centre du camp, entre le restaurant et le magasin, à quelques pas du chemin qui surplombe la rivière. Après une petite sieste, on s'installe dans notre kitchenette extérieure. À peine a-t-on le dos tourné qu'un singe vervet ouvre notre poubelle pour voler la peau de banane qui s'y trouve. Une petite antilope se pose juste devant nous pour observer manger. On envisagerait bien de s'installer définitivement ici.
Après un petit tour à la boutique du camp, on retourne au restaurant où on commande deux thés glacés. Devant nous, la rivière qui s'écoule attire les foules. Deux éléphants, un hippopotame, plein d'antilopes et même une hyène tachetée. La luminosité commence déjà à baisser, il est temps de se préparer pour la night drive !
Sunset Drive
On ne va pas se mentir, lorsque l'on ressort de notre bungalow vers 19h30, on ne fait pas les malins. Le camp est plongé dans le noir, et des cris s'élèvent de la savane environnante. On se demande presque pourquoi on s'inflige l'épreuve d'une sortie dans la nuit. Mais on prend notre courage à deux mains, on signe la décharge reconnaissant que le parc ne pourra pas être poursuivi si on se fait blesser ou tuer, et on rejoint la réception. Notre groupe sera restreint, le camion est loin d'être plein mais c'est pas plus mal, ca permet de bouger pour voir les deux côtés de la route. L'excursion précédente revient sans avoir d'information croustillante à partager. On va donc commencer par un bout de route souvent actif la nuit, et ensuite on se laissera porter par la chance. Le guide nous donne quelques lampes torches pour balayer la savane à la recherche d'animaux. Au cours des 2h qui suivront, on ne servira pas à grand chose et c'est lui qui débusque les quelques animaux que l'on peut voir. Au programme, plusieurs des animaux déjà croisés dans la journée : hippopotame, girafe, kudu, impala, alligator, hyène mais aussi quelques nouveautés : chat sauvage, lapin, sorte d'écureuil-kangourou, petit animal assimilé aux mangoustes et un hibou. Chaque apparition permet au guide de nous donner quelques informations sur l'espèce. Au final, si la première heure a été relativement active, la seconde ne sera caractérisée que par son calme plat. Se retrouver dehors dans le noir est vraiment une expérience à part. En plus de ça, c'est la première fois qu'on se retrouve à l'air dans le bush, et on découvre donc que la savane, ca pue :p
On revient au camp exténués mais des souvenirs plein la tête ! Demain, le réveil sonnera tôt, on a deux heures de route à faire avant 8h30.