Safari au Kruger
Morning Walk
Le réveil pique ce matin lorsqu'il raisonne à 4h du matin. La nuit a été pluvieuse, on se demande si notre activité ne va pas être annulée. On saute machinalement dans nos vêtements, un coup d'eau sur le visage et on rejoint la réception pour la morning walk. Nous sommes 8. Il y a deux polonaises, deux américains et deux autres français. Les guides ont un peu retard, mais malgré la météo la marche est maintenue. Puis ni les polonaises ni les américains n'ont le formulaire attestant que l'on ne peut réclamer d'indemnités en cas d'accident ou de décès, alors on part un peu plus tard que prévu. Lorsqu'on franchi le portail, des voitures font déjà la queue pour attendre l'ouverture des portes.
Le guide nous rappelle qu'on est pas là pour voir les big 5, mais au contraire pour découvrir tout ce que l'on rate assis dans nos voitures. S'en suit les consignes de sécurité que nous connaissons déjà pour avoir participé à une autre marche quelques jours plus tôt. Et puis c'est parti pour 3 à 4h de marche dans le bush.
On commence par observer deux milles pattes qui s'accouplent. Un autre se balade tout seul un peu plus loin, les guides nous proposent de le faire marcher sur notre main pour sentir toutes les petites pattes. La sensation est étrange mais rigolote. On croise quelques ossements de buffles, puis des excréments de hyènes. Ce n'est pas sexy mais instructif. Ca ne fait pas longtemps qu'on marche, et on se fait déjà surprendre par la pluie. L'imperméable d'Emilie étant rose fluo, elle l'a laissé dans la voiture, la couleur risque de plaire aux animaux affamés. Alors je lui prête le mien, et me retrouve en t-shirt sous l'averse. Les guides nous dirigent sous un arbre pour ne pas prendre la pluie de plein fouet, et en profitent pour sortir le petit déjeuner : jus de fruits, crackers salés, gâteaux sablés, cheddar, chips et viande de kudu séchée. C'est un curieux mélange ! On reste là un bon moment, heureusement on a sympathisé avec le couple de francais, et on papote pour faire passer le temps. On oubli quand même pas que nous sommes coincés sous la pluie en plein milieu du bush sauvage, et on scrute les alentours l'oeil inquiet. Lorsque le plus fort de l'averse passe, on se remet en marche. Il pleut toujours un peu, mais quitte à être mouillés, autant continuer. Le sol déjà mou devient de plus en plus boueux, on surveille nos appuis pour ne pas glisser. Arrivés à la rivière on observe des hippopotames qui se baignent, et on découvre le basilic sauvage. Un peu plus en hauteur, on tombe sur un tibia de girafe puis un crâne d'hippopotame. Le guide profite d'un couvercle de casserole abandonné au sol pour nous détailler un peu l'histoire du parc et le déplacement des personnes qui vivaient ici avant. Juste après, ils pointent du doigt la colline opposée : un énorme lion ! On est fasciné par cette bête, et en même temps inquiet que seuls 150 m nous séparent. Mais le lion reste couché et les guides sont calmes. On fait tourner les jumelles, et les appareils photos travaillent. Même nos guides immortalisent ce moment, ca ne doit pas arriver souvent de croiser le roi des animaux lors d'une marche ! Le reste de la balade sera plus décousu. On est tellement galvanisé par cette rencontre improbable qu'on ne respecte plus vraiment les règles de sécurité. On discute, rompt la file, s'arrête en solo... et les guides auront bien du mal à nous intéresser aux plantes et empreintes suivantes, on ne cesse de regarder vers l'arrière pour observer une dernière fois le lion.
Vers 9h, on revient au camp. Entre la pluie et la rencontre avec un lion, c'était une sacrée expérience... On est tous trempé et plein de boue. On fait donc un passage au bungalow pour se changer, puis on s'installe au restaurant pour un copieux petit déjeuner, et on retourne au bungalow se coucher. Jamais notre rythme de vie n'aura été si anarchique !
En début d'après-midi, on prend la voiture pour une boucle aux alentours du camp. On croise quelques animaux, mais pas des masses. Jusqu'à ce qu'une voiture s'arrête à notre hauteur : "do you want to see cheetah? YES!!". Le conducteur nous indique la présence de 3 guépards 6km plus haut, on fonce ! Il y a déjà plusieurs véhicules arrêtés, ca simplifie les choses. 3 magnifiques guépards sont sur le bas côté, en train de manger une proie (heureusement cachée par un tronc d'arbre). Autour d'eux, 30 à 40 aigles et vautours qui guettent. Quand les 3 félins s'arrêtent de manger et s'éloignent, tous les rapaces se jettent sur les restes.
Le spectacle est hallucinant ! Nous qui voulions voir des gros chats, on est servi aujourd'hui !
On continue notre boucle sans faire trop de rencontre (on voit quand même des éléphants, des impalas et plein de babouins). Soit on a pas de chance, soit on est tellement excités par ces guépards que notre attention a chuté. Alors que l'on s'apprête à rentrer au camp, un homme fait demi-tour vers nous, pour nous apprendre que plus de 600 buffles traversent la route à 1km. Dis donc, c'est la journée des bonnes infos ! On suit son conseil, qui nous permet de tomber sur un phacochère avant de voir cet immense troupeau. Sans doute le même qui barrait la route hier. Mais ici, la végétation est basse, et on peut vraiment voir toutes les bêtes qui arrivent et attendent de traverser.
Au final, cette journée n'aura pas été la plus chargée en rencontre, mais nous avons assistés à plusieurs scènes digne d'un documentaire animalier. On se prépare à se coucher tot, des souvenirs plein la tête !