Osaka : Tournois Haru Basho
Ce matin, on prend le train depuis Hiroshima vers Osaka. Ce étape amorce la fin de notre voyage puisque c'est d'Osaka que nous allons nous envoler dans quelques jours. C'est l'occasion de faire un petit bilan sur les différences que l'on a constaté ici. Certaines nous ont choqué, d'autres nous ont amusé mais toutes nous ont surpris !
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Les japonais traversent toujours en utilisant les passages piétons, et jamais si le feu piéton est rouge. On s'est retrouvé dans des situations qui nous paraissaient totalement absurdes, à de petits croisements, sans aucune voiture à l'horizon, à attendre de longues minutes que le feu piéton passe au vert. La perte de temps est considérable, c'est d'ailleurs arrivé plusieurs fois que l'on voit des gens repartir en courant après avoir traversé la route, pour rattraper leur retard ?
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Il y a des files d'attentes bien organisées pour tout. Pour monter dans le train, pour prendre l'escalator, etc. On a trop souvent nos mauvais réflexes qui consistent à s'insérer là où ca nous arrange mais comme ils sont gentils ils s'abstiennent de nous engueuler.
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Les japonais adorent les petits chiens et semblent les traiter comme leurs enfants. On a vu très peu des gros chiens, mais de très nombreux tout petits chiens (plus petit qu'un chat). Les chiens sont presque toujours habillés, on en a même vu avec des chaussettes. Certains poussent le vice jusqu'à les coiffer avec des accessoires, leur mettre des couches ou les balader en poussette.
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Les rues sont très propres, pas de mégots, papiers, crottes de chien ou autre sur les trottoirs comme il est courant d'en voir en France.
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Paradoxalement, il n'y a aucune poubelle dans les rues, les gens font vraiment l'effort de stocker leurs déchets sur eux et ne les jeter que longtemps plus tard.
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Il est interdit de fumer dans la rue, en revanche, il y a des portions fumeurs par endroit où les gens s'arrêtent le temps de finir une cigarette.
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Il y a des distributeurs de boisson partout. Vraiment partout. À la différence de chez nous, qui ne vendons que des sodas hyper sucrés, ici la plupart des propositions sont des thés non sucrés, et il y a même de boissons chaudes qui sont également en canette. C'est bien pratique car ca nous permet régulèrement quand on marche d'acheter un thé ou un café bien chaud sans avoir à s'embêter à trouver un café, se poser, etc.
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Il y a énormément de toilettes publiques, bien pratique également quand on se balade, et encore plus quand on boit plein de boissons chaudes.
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Dans les bus, il faut monter par l'arrière. La sortie se fait par l'avant, et ce n'est qu'au moment de descendre que l'on paye ou valide son pass. On se demande encore ce qu'il se passe si on se rend compte à la sortie qu'on a pas de quoi payer.
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Il y a des trains tout le temps. Pour une même destination, depuis un même point de départ, il peut y avoir un shinkansen (équivalent du TGV) toutes les 10 minutes !
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Le vélo est très utilisé en ville. Les japonais roulent sur les trottoirs avec les piétons et non pas avec les voitures. Le stationnement des vélos est très surveillé, il y a des parkings dédié sà ca et les fraudeurs s'exposent à une mise en fourrière et une amende.
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Les gens reniflent. Partout. Tout le temps. C'est en effet malpoli ici de se moucher en public. Il n'est donc pas rare de se retrouver au restaurant ou dans le train, coincé à côté de quelqu'un qui renifle toutes les 10 secondes. C'est assez insupportable et très dégoutant pour nous qui ne sommes pas habitués.
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En conséquent, dans les toilettes, il est courant de tomber sur des gens qui crachent leurs glaires. Beurk.
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Manger en faisant plein de bruit est une pratique courante ici. De nombreux plats sont à base de soupe, il y a donc sans arrêt de gros "sluuurp", du genre qu'on pourrait faire quand on mange seul chez soit mais absolument jamais en public.
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Les restaurants sont très expéditifs. Les gens commandent, les serveurs amènent les plats à la chaine (aucune attente entre chaque), puis payent et partent immédiatement leur repas fini. Il y a également très peu de discussion à table, ce n'est pas un moment convivial comme on peut le connaitre.
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Les japonais dinent très tôt, la plupart des restaurants n'accepent plus de clients à partir de 20h.
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Au restaurant, on va presque toujours vous servir du thé (gratuit) en arrivant ainsi que vous donner une lingette humide (et quelque fois chaude) pour vous laver les mains. C'est vraiment agréable !
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Dès la prise de la commande et le premier plat servi, l'addition est déposée sur la table. Il n'y a donc pas de serveur pour venir vous inciter à prendre un café ou un dessert. Le repas se paye au guichet en sortant.
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Les japonais sont les champions du suremballage. Si vous achetez un truc aussi simple qu'une patisserie, celle ci est déjà sous plastique, mais on va vous l'emballer dans un sachet, qui lui même sera mis dans un sac. Dans les magasins, même les fruits et légumes sont emballés. À l'unité.
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En revanche, le tri des déchets s'effectue partout. Quand on fini enfin par trouver une poubelle, elle n'est jamais seule, il y en a pour tout : bouteilles en plastiques, cannettes, journaux, combustibles... Les indications ne sont quelques fois écrites qu'en japonais ce qui complique alors la tache qui n'était déjà pas simple.
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Dans les hôtels, tout est fourni. La brosse à dent, le rasoir, la brosse à cheveux, le pyjama, les chaussons...
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Il y a deux types de WC. Western style qui correspond aux toilettes que l'on connait, et Japanese style. Cela ressemble fortement à des toilettes turques inversées. Du coup, dans les toilettes occidentales, il y a toujours des indications expliquant qu'il ne faut pas monter sur les WC et s'accroupir mais juste s'assoir dessus.
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Les WC sont généralement perfectionnées, avec le petit jet pour se nettoyer le derrière (ou l'avant) qu'on peut réguler en intensité et en température, la possibité d'ajouter un bruit de fond pour masquer les prouts et autres ploufs, deux à trois niveau de chasse d'eau... Si la réputation du jet nettoyant nous semble surcôtée, le siège de toilette chauffant est une des meilleures inventions qui soit, surtout quand la nuit est fraiche.
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Le papier toilette est très fin, ils n'ont pas encore inventé le multicouche. Même chose pour les mouchoirs (d'ailleurs, le paquet de mouchoirs de poche comme on le connait est introuvable ici).
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Il y a énormement de gens qui portent des masques pour éviter de partager leurs microbes (ou ceux des autres). Même quand ils posent pour des photos, ca parait normal de garder en souvenir leur tête à moitié cachée.
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Malgré cela, dans les toilettes, il n'y a souvent qu'un robinet d'eau, pas de savon ni de quoi se secher les mains. On a plusieurs fois vu des gens sortir une boite avec un savon et une petite serviette, même s'il faut avouer que souvent ils se contentent d'un bref et rapide passage des mains sous l'eau.
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Les japonais sont extrêmement gentils et accueillants. Dans les commerces, on est toujours salué et remercié. Même chose dans les restaurants (et le pourboire ne fait pas parti de la culture). Dans la rue, chaque fois qu'on a été un peu perdu, on nous a toujours proposé spontanement de l'aide, et quand il s'agit de nous aiguiller, très régulièrement on ne fait pas que nous pointer la direction on nous accompagne et surveille qu'on arrive bien jusqu'à notre but.
Cette liste déjà bien (trop) longue ne doit pas être exhaustive, mais, revenons en à notre journée !
Quand on est arrivé à la gare d'Hiroshima les 5 prochains shinkansens étaient déjà complets. On a du attendre le 6ème et ce n'était pas bien grave puisqu'il passait 40 minutes plus tard. Étonnament, notre wagon était quasi vide... Sur les coups de midi, nous étions à Osaka. On a déposé nos sacs à l'hotel (après avoir galéré à le trouver car son nom est écrit en japonais uniquement) et marché jusqu'au gymnase où avait lieu la finale du tournois de sumo d'Osaka. Le gymnase est un batiment assez standard avec peu d'indication mais il était facile à repérer vu la quantité de sumotori aux alentours. Avant de s'installer, on a fait un tour chez McDo (histoire de rester dans le thème ;)).
Notre entrée dans le gymnase s'est faite sous les acclamations et les flashs. En effet, des nombreuses personnes attendaient l'arrivée des sportifs et on a débarqué juste avant ce qui semble être un champion très apprécié. La sécurité est intervenue pour nous parquer sur le côté avec tous les fans alors qu'on cherchait juste où retirer nos billets. Trouver nos places n'a pas été une mince affaire avec notre ticket tout en japonais et les panneaux également en japonais. On essayait de faire correspondre les symboles (comme dams les parties de memory de notre enfance) quand on est venu nous aider et nous accompagner jusqu'à nos sièges.
La journée de tournois commencait à 9h, et vers 13h30, il n'y avait pas grand monde dans les gradins. Il parait que la popularité du sumo décroit au profit du baseball, et on constate que plusieurs personnes qui sont là regardent justement un match de baseball sur leur téléphone ou leur tablette. Juste après qu'on soit installé, les joueurs de la seconde division ont été présenté à un public peu enthousiaste, et on a pu découvrir tous les rituels des combats. Le cérémonial est une part très importante. Les adversaires sont annoncés (leurs noms sont chantés), puis ils entrent dans le dohyō (l'arène), se saluent, font une sorte de petite chorégraphie, sortent du dohyō se raffraichir tout en se mettant des claques partout sur le corps et reviennent sur le dohyō en jetant du sel (durant tout ceci, il y a des drapeaux de sponsors qui circulent autour de l'arène). Enfin, ils se rentrent dedans.
Toute la partie aller/retour entre le dohyō, rafraichissement, jet de sel peut avoir lieu plusieurs fois à la suite. On doit avouer qu'on a pas trop comrpis mais cela semble faire partie d'une sorte de bluff ou préparation mentale avant le combat. Le public y réagissait souvent avec des rires ou des wahous. Il peut également y avoir des "faux dáparts" et tout le rituel est recommencé.
La partie combat en elle même est très très très brève. La plupart duraient une paire de secondes à peine. Pourtant, le choc initial entre les deux adversaires et tous les coups qu'ils se mettaient semblaient bien rudes à encaisser. On était loin, et on entendait parfaitement le bruit des coups et des corps qui s'entrechoquaient. Il vaut mieux éviter les premiers rangs car il n'est pas rare qu'un des lutteurs finisse par voler hors de l'arène et atterrisse sur les gens... Ils font en moyenne 160 kg. Le perdant repart rapidement, tandis que le gagnant reste un peu plus longtemps afin que l'arbitre lui remette son prix.
Il y a également quelques cérémonies et chorégraphies avant les combats ainsi qu'après l'entracte. Sans doute une facon de sacraliser l'arène ?
On a appris durant cette journée que la femme est interdite dans le dohyō (il parait que comme elle saigne, elle est impure). Il y a quelques années, un des hommes présents dans le dohyō a fait un AVC. Une femme a voulu intervenir pour le secourir. Par chance, elle a été interceptée avant de commettre un sacrilège irréparable ! La légende de raconte pas ce qu'est devenue la personne ayant eu une attaque.
On pensait rester juste un peu et être vite lassé, mais on se fait prendre au jeu et on reste là jusqu'au dernier combat à plus de 18h. Il faut dire que le niveau et l'ambiance ne font que monter. Vers 15h30 ce sont les combattants de première division qui prennent le relais. Les deux derniers à passer sont les deux seuls yokozuna au monde (le plus haut rang que peut atteindre un lutteur). Ce sera de très loin l'échange le plus violent et le plus long. Hakuho en ressort vainqueur sous les applaudissenents du public. 15 victoires et aucune défaite durant ce tournois.